Aide aux équipages abandonnés

Pour beaucoup « les marins abandonnés » c’est le titre d’un roman ou d’un film, pour les marins du monde c’est souvent une réalité.

Un armateur honnête ou malhonnête a beaucoup de dettes, lorsqu’un de ses bateaux arrive dans un port il est saisi. Il est bloqué soit par les affaires maritimes parce qu’il n’est pas en état de reprendre la mer pour des raisons techniques soit parce que les créanciers ont fait faire une saisie conservatoire. Tous ces bateaux ont un point commun : les marins ont des reliquats de salaire de plusieurs mois. Deux possibilités, soit l’armateur s’occupe de l’équipage, soit il l’abandonne. Dans le deuxième cas, ce sont des associations qui sont obligées de prendre en charge les marins, aide financière, alimentaire, médicale ou psychologique. Grâce au fond de réserve créé en 1995 par un bénévole, Marc RAMEL, avec l’aide d’associations et de particuliers, l’AMAM peut avancer de l’argent aux marins en espérant récupérer ces sommes si les salaires sont payés. La France est un rare pays où un fond géré par l’AGISM (Association de Gestion des Institutions Sociales de la Marine) permet de faire des avances importantes sur salaires aux marins. L’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) peut prendre à sa charge les frais de retour des marins.

On peut se demander pourquoi les marins restent à bord de leur navire : ils ne peuvent pas rentrer dans leur famille sans salaire, de plus ils savent que s’ils quittent le navire, ils n’auront aucune chance de toucher leurs reliquats de salaire.

L’AFRICA

Décembre 1994 – juin 1995

Cargo sous pavillon du Honduras saisi à Marseille le 29 décembre 1994, l’équipage comptait 9 marins : 3 Roumains, 3 Capverdiens, 1 Chilien, 1 Turc, 1 Sierra Léonais. Les marins avaient 7 mois de retard de versement de leurs salaires. L’AMAM a contribué à la subsistance de l’équipage pendant 5 mois et au rapatriement de 5 marins avec une avance à chacun de 10.000 francs sur leur salaire.

La vente amiable du navire en juin 1995 a permis le règlement des retards de salaire et le rapatriement des 4 derniers marins.

Le remboursement de tous les frais engagés par l’AMAM a permis à l’association de constituer un fonds de solidarité en vue de faire face à l’avenir à de telles situations de détresse.

Le HASSEL

Mars 1995 – juin 1996

Chimiquier sous pavillon panaméen de l’Adriatic Tanker Shipping Company, saisi à Marseille le 31 mars 1995. L’équipage  a aussitôt été ramené de 20 à 14 marins : 5 Coréens dont le capitaine et 9 Birmans. En octobre 95, l’agent consignataire s’étant dégagé de ses responsabilités envers l’équipage, l’AMAM prit le relais pour la fourniture des vivres et assura les démarches auprès de l’OMI (Office Ministériel de l’Immigration) pour le rapatriement de 3 Coréens et de 2 Birmans avec une avance sur salaire.

Finalement, le Hassel a été vendu aux enchères forcées le 23 mai 1996. Les 9 marins restés à bord furent rapatriés le 4 juin avec une avance sur salaire réglée par l’AMAM, les frais de transport étant pris en charge par ITF.

Le BELOOSTROF

Août 1996 – mai 1998

Porte-conteneurs roulier de la Baltic Shipping Company de Saint-Pétersbourg, saisi le 14 août 1996. 11 marins russes restent à bord et sont relevés en novembre 96. En octobre 97, deuxième relève, l’équipage passant de 11 à 5 marins. La compagnie russe ne cesse pas d’assurer la livraison de combustible et d’eau. Par contre, l’envoi de devises pour l’achat de nourriture est irrégulier et l’ AMAM prend alors en charge la fourniture des vivres, de médicaments, de cartes téléphoniques, de vélos …

Le 7 mai 98, nouvelle relève. La vente judiciaire du navire a enfin lieu le 28 mai 1998. L’ AMAM a versé aux 9 derniers marins rapatriés une avance globale sur salaires de 120.000 francs.

Le CITY OF LONDON

Décembre 1998 – avril 1999

Cargo de 28 ans sous pavillon de Belize de la Star Shipping Company basée à Londres, arrivé sur rade de Sète le 9 décembre 1998 pour y décharger 2600 tonnes de nitrate d’ammonium. Présentant de nombreuses défectuosités, il est remorqué à Marseille. L’équipage de 11 marins, le capitaine russe et sa femme, 6 Lettons, 1 Lituanien, 2 Sri Lankais, sans salaires depuis plusieurs mois, obtient la saisie conservatoire du navire. Fourniture par l’AMAM, grâce à la Banque Alimentaire, des vivres, de médicaments, de vêtements… L’équipage accepte l’offre de rapatriement organisé avec l’OMI avec pour chacun une avance sur salaire assurée par l’AMAM (70.000 francs au total). 6 marins sont rapatriés le 16 mars 1999 et les 5 derniers le 15 avril.

L’ANTONIOS P

Juin – décembre 2006

Antonios P est un navire pinardier de pavillon panaméen. La compagnie écran a son siège à Panama mais l’armateur réel est un grec installé en Australie. Arrivé le 6 juin 2006 à Sète, le navire a été saisi par un affréteur fin juin et par ITF pour faire valoir les droits des marins qui n’ont pas été payé depuis plusieurs mois.

10 marins étaient à bord de nationalité grecque et roumaine. 5 marins ont pu rentrer en Roumanie et en Grèce, les 6 autres restant à bord, malgré les saisies du navire et les salaires impayés; l’armateur pourvoyait à leur nourriture à coup de billets de 100 €.

L’AMAM a pu faire une avance sur salaire aux six marins restants à bord de 1000 € pour chacun.

L’Association Sétoise des Amis des Marins qui a pris en charge l’équipage du navire durant toute son immobilisation à Sète nous a entièrement remboursé la somme lorsque l’armateur a payé les reliquats de salaire.

Le GUNAY II

Janvier – février 2009

Arrivé le vendredi 16 janvier 2009 à Fos, les marins de ce navire préviennent qu’ils ne partiront pas tant que les reliquats de 3 à 5 mois de salaire ne seront pas payés. Le bateau est géré par un italien et l’armateur turc est décédé il y a un mois.

Le lundi, le bateau est chargé avec 3000 tonnes de blé. Après des négociations le mardi 27 entre l’agent maritime, le syndicat des transports ITF et les marins, un accord oral est passé, les douze marins ont une somme de 4000€ à se partager, le reste des salaires sera versé au cours des trois voyages suivants. A minuit le navire appareille et s’échoue sur l’ilot du Planier à 02 h 30. La mer est forte et le bateau est monté d’un mètre sur les rochers. Très vite les pilotes sont à bord et une équipe médicale et technique est hélitreuillée, six marins sont évacués par hélicoptère. Quatre officiers restent à bord, toute la journée du mercredi deux remorqueurs s’affairent pour le déséchouer et le jeudi matin à 07 h 15 il est à quai dans le port.

Le consul de Turquie à Marseille a fait appel à l’AMAM pour aider huit marins à prendre leur billet d’avion pour Istanbul et pour les emmener à l’aéroport. Le fond de Solidarité Marc Ramel a pu verser une avance de 200€ à chacun des marins, avance qui pourra être récupérée si un jour la vente du navire permettra d’éponger les arriérés de salaire.

Les quatre officiers restés à bord quitteront le navire le 7 février; durant tout leur séjour à Marseille des membres de l’AMAM les ont visités tous les jours. Nous avons pu leur faire aussi une avance de 200 € à chacun. Il est à noté que le consul de Turquie a fait sur ses propres denier un chèque de 200 € à l’AMAM. En mai, il a été vendu 50000 € à un armateur grec, étant donné l’ensemble des dettes du navire, l’AMAM ne récupérera pas un centimes.

L’ITAL RORO I

Octobre 2008 – mars 2010

Bloqué à La Seyne sur Mer le 17 octobre 2008 à la suite d’impayés de la compagnie italienne Puglia Navigazione, l’Italroro I était armé par 11 marins, 7 philippins et 4 roumains qui avaient des arriérés de salaire de plus de six mois. Pris en charge par des associations et des syndicats à la Seyne, l’équipage a pu quitter le navire le 12 mars 2010. L’AMAM leur a donné à chacun une avance de 100€ le 5 février et nous leur avons prêté un poste de télévision.

Grâce à l’action du Directeur Départemental des Affaires Maritimes de Toulon, l’AGISM a pu débloquer 33000€. L’AMAM a servi de relais et nous avons donné une avance sur salaire à chaque marin 3000€. L’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration a assuré le rapatriement des marins le 12 mars.

Un jugement du Conseil des Prudhommes de Toulon le 3 mai 2010 condamne la Société Puglia Navigazione a verser tous les arriérés de salaires et à rembourser à l’AMAM les avances de salaires. L’armateur a fait appel le 3 août 2010. En juin 2011 un accord a été trouvé entre l’avocat de l’armateur et celui des marins, les marins vont toucher leur reliquat de salaire, l’état français par l’intermédiaire de l’AGISM et l’AMAM ont récupéré la totalité des sommes avancées.

Le JASMINE

Juillet 2010 – août 2010

Le Jasmine bat pavillon géorgien. Il est armé par une compagnie italienne. Affrété par une société française pour charger 2600 tonnes de blé achetés par une compagnie grecque, il a été retenu en juillet et août 2010 par le gouvernement français pour de nombreuses déficiences. Les 9 marins géorgiens non payés depuis 6 mois ne voulaient pas repartir sans leurs salaires. La fédération syndicale des transports ITF a fait une saisie conservatoire du navire pour obtenir le paiement des salaires. Il a fallu approvisionner le navire en nourriture et en eau.

L’acheteur grec a fait une avance de salaires de 30 000 €, le fond de solidarité de l’AMAM a fait une avance de salaire de 1550 €, et le retour des marins en Géorgie a été pris en charge par l’office français de l’immigration. Le foyer des marins de Port de Bouc a apporté un soutien moral aux marins en leur rendant visite presque tous les jours et en assurant la liaison avec la capitainerie, les affaires maritimes, les avocats, la gendarmerie maritime, le conseil général, l’ITF, l’assistante sociale, la mairie de Port Saint Louis, les dockers, et les associations caritatives de Port Saint Louis.

Le RIO TAGUS

Octobre 2010 – mars 2011

Le Rio Tagus bat pavillon de Saint Vincent et Grenadine. L’armateur est une société panaméenne dont l’adresse est à Miami. Le manager indien du bateau a la même adresse.

Arrivé début novembre à Sète avec un chargement d’urée, le bateau est retenu par les affaires maritimes. Les marins ukrainiens, égyptien, ghanéens ne sont pas payés depuis plusieurs mois. Leurs salaires « officiels » sont en dessous des normes du Bureau International du Travail. Le bateau est aussi saisi par le manager, l’agent, le shipchandler et le propriétaire de la cargaison! Depuis novembre, les marins sont intégralement pris en charge par le foyer des marins de Sète.

Le fond de solidarité de l’AMAM a versé 3000 € d’avance de salaires avant Noël .Une vente d’œuvres d’art offertes par des artistes sétois a rapporté 3600 €. Le fond de l’AGISM a fait une avance de 4000 € et l’office français de l’immigration assure le rapatriement des marins.

Le foyer des marins a servi d’interface auprès d’une vingtaine ne de structures mobilisées pour aider les 11 marins du Rio Tagus.

Le PENAFIEL

Août 2012

Porte-conteneurs de 90 mètres sous pavillon portugais le Penafiel est arrivé à Marseille le 29 août  2012. Saisi en même temps que  les autres navires de la compagnie il a comme équipage : 4 russes, 2 portugais, 1 capverdien. Ils ont plusieurs mois d’arriérés de salaire. Les membres de l’AMAM qui ont effectués des visites régulières ont fourni des vêtements chauds, des produits de première nécessité,  des cartes téléphoniques et un lave-linge. Ils sont venus régulièrement au foyer de Forbin.  Au départ du Princess Danae, l’équipage de Pénafiel a récupéré la nourriture qui restait à bord. En janvier 2013, l’équipage a été payé et a quitté le bord en avril. Depuis un seul  homme à bord assure le gardiennage du navire.

Le MV ATHENA

Jeudi 13 septembre 2012

Le MV PRINCESS DANAE

Samedi 15 septembre 2012

Deux paquebots de la Classic  International Cruise, pavillon portugais saisis par les fournisseurs de combustible sont amarrés à Marseille le long de la grande jetée. 42 marins sont à bord avec des retards de salaire de plusieurs mois. Le foyer du MPCT a été ouvert spécialement pour eux. les marins ont pu être payés et ont été  rapatriés. Les deux bateaux sont restés le long de la digue du large puis rachetés par la Portuscale  Cruise ils ont repris la mer. L’Athéna ayant fait un arrêt technique à Marseille.